« De façon parallèle, ma maxime favorite est le vers de Machado : « Tu chemines mais il n’y a pas de chemin. Le chemin tu le fais en marchant ». J’adopte donc cette autre formule bouddhiste qui dit : « Le but, c’est le chemin ». Ne cherchons pas le but, cherchons le chemin : c’est lui qui nous sortira des ornières, des difficultés, que cela soit en termes personnels ou politiques ou autres. » Edgar Morin
« Tout est relié : ce que l’homme fait à la toile de la vie, il le fait à lui-même. » Seattle
« C’est là une idée fondamentale que je formulerais ainsi : tout ce qui est séparé est en même temps inséparable. Nous savons depuis l’expérience du scientifique Alain Aspect, que deux particules qui ont dans le passé interagi même si elles sont séparées par des distances très éloignées, communiquent instantanément à des vitesses qui dépassent la vitesse de la lumière. Aussi tout est séparé dans l’univers et, en même temps, tout est inséparable. (…) Ainsi nous sommes des individus séparés les uns des autres, mais nous faisons partie d’un tout qui est la société. Nous sommes séparés de nos parents, mais liés de manière inséparable par notre généalogie … (…) On est à la fois un Moi séparé et un Nous inséparable. Quant à l’éthique, elle peut en effet se fonder sur ce concept d' »inséparation ». Car dès l’enfance, le Moi-Je a besoin des autres. L’éthique, c’est l’épanouissement du Je au sein d’une communauté du Nous. Le lien du Je séparé doit être fait avec le côté inséparable qui nous lie à nos proches comme à la société et l’espèce humaine, c’est en effet une éthique qui devrait être évidente ». Edgar Morin
« Vivre poétiquement »
« Il y a une très jolie phrase de Rita Levi-Montalcini, une scientifique italienne qui dit : « Donnez plutôt de la vie à vos jours que des jours à votre vie. » Et c’est tout simplement la différence entre vivre et survivre : pour moi, vivre longtemps, c’est savoir goûter la poésie de la vie. »
Comment bien vivre le vieillissement du corps et comment combattre se peurs ? « En gardant l’esprit jeune et en continuant à s’émerveiller ! Comme le dit Platon : « Le corps est un tombeau pour l’âme de celui qui ne sait pas s’ouvrir » ! Quel que soit son âge, si on ne s’étonne pas, on est dans la platitude ! Tout est étonnant, à commencer par vivre. (…)
Pour moi, tout est mystère. Je préfère le mot mystère à celui d’énigme, car ce dernier porte en lui la résolution : par la recherche, par l’enquête on finit par résoudre l’énigme ! Alors que le mystère dépasse la capacité de l’esprit humain : le fait d’exister, d’avoir un corps, un esprit, une âme de vivre. » Edgar Morin
Qu’est-ce que l’incarnation ?
« Ce qu’il y a d’unique dans un corps humain c’est, en effet, qu’il est l’incarnation d’une personne : il est le lieu où naissent et se manifestent nos désirs, nos sensations et nos émotions, il est le moyen par lequel nous pouvons démontrer quelle sorte d’êtres moraux nous sommes. C’est pourquoi la corporéité de chacun peut donner des résultats fort différents. (…) Chaque personne entretien avec son corps une relation à la fois instrumentale et constitutive. Nous sommes complètement liés à notre corps tout en étant loin de lui, nous demeurons dans une zone de frontière entre l’être et l’avoir (…) Nous sommes exactement ce que nous sommes, car nous sommes notre corps tout en l’ayant. Mon corps semble donc « adhérer » à moi au point que je ne peux m’en retirer. (…) On peut très bien décider de ne pas prêter attention à une grande douleur, mais cette façon de « ne pas être dans son corps » suppose encore qu’on y soit. Au point que si l’on peut ignorer le corps, on ne peut pour autant l’annuler. (…)
Si d’un point de vu extérieur, le corps apparaît comme un dispositif organique complexe, un système en équilibre d’organes liés les uns aux autres, d’un point de vue subjectif et intérieur, il est aussi un lieu d’interrogation existentielle. » Michela Marzano
« Exploration du corps – Ecouter la sensorialité »
« Si on sent le corps vide, on sent le monde vide. Si on sent son corps tendu et douloureux, on sent le monde douloureux. On ne peut conceptualiser le monde que comme une projection de notre propre ressenti. Avant de savoir ce qu’est le monde et le corps, il faut être sans préjugé, sans a priori. Il faut explorer. S’asseoir ou s’allonger et voir ce qui est là. (…) La pratique corporelle du yoga stimule l’écoute. C’est un art comme la musique ou la poésie. Le but d’un art de l’écoute. Il n’y a rien à prouver, à fabriquer. Chaque mouvement est fait comme pour la première et la dernière fois, dans une intensité sans passé ni futur. Une présence peut se révéler mais elle ne sera jamais représentable. Cette lumière éclaire notre fonctionnement. La lumière éclaire mais on ne peut pas la voir. La pratique n’est pas un moyen, elle est un espace pour mieux voir nos défenses, nos prétentions, nos résistances. » Eric Baret
Vieillir, la joie d’être vivant.
« N’y-a-t’il pas un moment où le vieillissement nous impose de ne plus regarder nos corps narcissiquement, mais d’apprendre, si nous ne l’avons déjà fait plus jeunes, à vivre notre corps, à éprouver le plaisir d’être vivant. Avoir un corps vieux n’empêche pas d’être heureux dans son corps. Si l’on pouvait initier toutes les personnes âgées à cette perception du « corps que l’on est », bien des souffrances liées au « corps que l’on a » seraient alors surmontées. Cet apprentissage exige du temps, de l’attention et de la disponibilité, trois qualités qui ne sont pas incompatibles avec la vieillesse, bien au contraire. Il s’agit d’exercer sa perception, de la développer, de l’affiner. Des joies immenses sont alors réservées à ceux qui découvrent un univers intime dont ils n’avaient pas conscience. Leur corps ‘extérieur » peut être en ruine, leur corps « intérieur » est plus vibrant et vivant que jamais. (…)
En vieillissant, le corps est appelé à une aventure spirituelle. Celle du passage de l’avoir à l’être. » Marie de Hennezel
« Les justes équilibres »
« J’ai enfin compris, vraiment compris, que je ne disposais que d’un seul corps, et qu’il était largement temps d’en prendre soin, sous peine de le voir partir en petits morceaux, et d’accélérer ma fin. (…)
Veiller aux bons équilibres du corps permet à ce dernier de mieux s’autoprotéger et s’autoréparer. Qu’est-ce que « veiller aux bons équilibres du corps » ? C’est respecter ses besoins : besoins en mouvement et activité physique, besoins en alimentation variée, naturelle et non polluée, besoins en contacts réguliers avec la nature, en moments de calme et de pacification (comme ceux que nous apportent méditation ou yoga), etc. Finalement, l’alpha et l’oméga de la santé consiste à adopter envers le corps une attitude de juste respect, comme celui que nous devons à la nature ». Christophe André
« Le sage respire par les talons »
La dynamique du corps part des pieds et remonte vers la tête.
« Le sage respire par les talons » ! (Nei Jing – traîté médical chinois)
Si l’on dessine un pied, on trouve l’image d’un foetus : on va aussi retrouver cette image au niveau des reins et de l’oreille. Ces trois parties du corps sont comme trois germes qui déterminent trois étages de la dynamique ascendante de l’homme. Le sage respire par les pieds car ceux-ci résument la totalité du corps. (…) Le talon et le pied entier sont le symbole de l’homme qui est comme un foetus et doit sortir de la matrice pour naître à une autre dimension d’être de conscience afin de s’échapper du tohu-bohu et de sa violence initiale. » A. de Souzenelle
« Notre corps global » (…)
« Notre corps global :
en hébreu il se formule par le terme bassar : « la chair ». Or ce mot va beaucoup plus loin car il est utilisé pour la première fois dans la Genèse pour exprimer le noyau fondateur divin de l’être ! Le même mot prononcé basser signifie : informer. Ce qui veut dire que ce noyau fondateur porte toute l’information du devenir de l’homme. Or dans la situation d’exil où nous nous trouvons aujourd’hui, ce noyau fondateur est complètement renversé, tourné vers l’extérieur.
Le corps est bien l’expression de ce noyau fondateur, c’est une écriture, un programme en devenir, à nous de savoir ce que nous en faisons. Chacun des organes a donc aussi une fonction dans le devenir de l’être. Le Corps n’est pas, comme on le voit d’habitude, un chose, il est relié au verbe créateur : or l’homme est essentiellement verbe car, à la différence des autres animaux, il est doué de parole ! Comment la chair se fait-elle Verbe, voilà ce qui m’intéresse » (…) Annick de Souzenelle
L’expérience de la sensation profonde
« Rentrons dans le coeur de nous-mêmes en épousant notre corps. Ce n’est plus nous qui vivons en nous mais la Vie avec un grand V qui se vit en nous. (…) La barbarie qui ensanglante le monde vient de ce que les hommes ne sont pas vivants et qu’ils ignorent ce qui se trouve dans leur vie et dans le corps, convient-il d’ajouter. C’est ce qu’exprime si bien Jacques Decour, engagé dans la résistance contre les nazis lors de la deuxième guerre mondiale, quand il écrit dans la lettre qu’il adresse à ses parents la nuit précédant son exécution en 1942 : « Avons-nous passé plusieurs heures à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, des corps ? » » Bertrand Vergely