« Connais-toi toi-même »
« En fait, Patanjali nous donne assez peu d’indications sur ce qu’est la liberté. La liberté c’est « la pureté de l’association existant entre le purusha et le mental, rendus semblables l’un à l’autre », voilà ce que nous dit Patanjali à la fin du troisième chapitre.
Le purusha, c’est la conscience, l’essence la plus intime de l’homme, ce qui en lui ne meurt pas, son « âme immortelle » pourrait-on dire si l’expression ne faisait reculer, c’est ce qui constitue l’être de l’homme. Tirons parti de l’enseignement avancé par cet aphorisme : le mental doit être purifié ; lorsque le mental est pur, il renvoie finalement du côté du purusha, et non plus du côté des objets extérieurs à l’homme ; car le yoga, par opposition à la vie ordinaire qui est extraversion, le yoga, qui est finalement un effort en vue de la liberté, est d’abord un effort d’introversion : et l’état de yoga ou samâdhi, retournant l’homme vers lui-même, l’autorise ainsi à se mieux connaître, à se connaître tel qu’il est.
La seule véritable autorité qui fait que l’homme apprend à se connaître, sans complaisance, est toute intérieure. « Connais-toi toi-même » : par là on rejoint les préoccupations des plus anciens qui avaient inscrit cet impératif, le seul impératif vrai de l’homme épris de liberté, sur le fronton du temple de Delphes. « Connais-toi toi-même ». Car la connaissance de toi-même entraîne ta liberté. »
P. Geenens