« Ce qu’il y a d’unique dans un corps humain c’est, en effet, qu’il est l’incarnation d’une personne : il est le lieu où naissent et se manifestent nos désirs, nos sensations et nos émotions, il est le moyen par lequel nous pouvons démontrer quelle sorte d’êtres moraux nous sommes. C’est pourquoi la corporéité de chacun peut donner des résultats fort différents. (…) Chaque personne entretien avec son corps une relation à la fois instrumentale et constitutive. Nous sommes complètement liés à notre corps tout en étant loin de lui, nous demeurons dans une zone de frontière entre l’être et l’avoir (…) Nous sommes exactement ce que nous sommes, car nous sommes notre corps tout en l’ayant. Mon corps semble donc « adhérer » à moi au point que je ne peux m’en retirer. (…) On peut très bien décider de ne pas prêter attention à une grande douleur, mais cette façon de « ne pas être dans son corps » suppose encore qu’on y soit. Au point que si l’on peut ignorer le corps, on ne peut pour autant l’annuler. (…)
Si d’un point de vu extérieur, le corps apparaît comme un dispositif organique complexe, un système en équilibre d’organes liés les uns aux autres, d’un point de vue subjectif et intérieur, il est aussi un lieu d’interrogation existentielle. » Michela Marzano