Une pensée du grand large.
Avec Svetaketu (voir article précédent), nous comprenons que la sagesse est l’attention révélatrice de cette essence omniprésente, qui se donne sans limite et sans différence, vivifiant de sa saveur tous les êtres et les choses que distingue l’intelligence analytique. L’image dans son apparente naïveté, renvoie à la perception d’une présence invisible, qui échappe à toute prise, mais qui se laisse « savourer » dans l’expérience du monde : elle est le sel de la vie », et la sagesse est d’abord attrait pour ce « goût de l’Être ».
« Vois, dit l’ami à l’ami sur le pont, la joie du poisson dans l’étang ! – Comment, toi qui n’es pas poisson, connais-tu la joie du poisson ? – À ma joie sur le pont. » (Tchouang-tseu).
Rien d’extraordinaire, et pourtant tout est là, dans la vigilance lumineuse à l’instant, qui discerne la secrète unité de soi et du monde. Le sage n’est pas nécessairement un grand intellectuel, il n’a pas d’abord pour objectif de développer son mental, mais d’induire un retournement dans la manière d’envisager l’existence. (…) les sages ont privilégié une source de connaissance intuitive et directe, une intelligence visionnaire une pensée du grand large, qui embrasse le tout et la particularité de chaque être.