« Sage » nous vient du latin sapidus, un adjectif formé sur la même racine que le verbe sapere, « avoir du goût, sentir », « avoir de l’intelligence, apprécier », « se connaître en quelque chose, comprendre, savoir ». La sagesse, sapientia, commence donc par une expérience savoureuse, source d’appréciation et de discernement.
« La doctrine, on l’acquiert par l’étude, mais la sagesse on l’a par infusion » Thomas d’Aquin
Uddalaka Aruni avait envoyé son fil Svetaketu faire son éducation religieuse chez les meilleurs brahmanes, et le jeune homme, après douze années d’études assidues, était rentré chez lui « content de soi, fier de ses connaissances, orgueilleux » mais incapable de répondre aux questions essentielles. Son père décide alors de l’éveiller à la présence de l’Être un et éternel au coeur de la réalité sensible et de lui-même, en lui proposant des praboles. En voici une : « Jette ce sel dans l’eau et reviens me voir demain matin » Ainsi fit Svetaketu. Son père lui dit : « Ce sel que tu as, hier soir, jeté dans l’eau, apporte-le moi ». Svetaketu regarda et ne le vit plus. Il était fondu. « Goûte de cette eau prise à la surface … Eh bien ? – C’est salé. – Goûte de l’eau prise au milieu… Eh bien ? – C’est salé. – Goûte du fond et reviens près de moi. » Ainsi fit-il en disant : « C’est toujours de même. » Alors son père dit à Svetaketu : « Ainsi, en vérité, mon ami, tu ne perçois pas l’Être, et pourtant il est là. Cette essence subtile, c’est par elle que tout est animé ; elle est la seule réalité ; elle est le Soi ; et toi-même, Svetaketu, tu es cela. » Chandogya Upanishad
(…)
U