« Le fermier sensible au besoin de ses terres décide du moment et du lieu de l’irrigation en se laissant guider par un savoir à double face.
Il s’appuie bien entendu sur la tradition, sur l’expérience de ses ancêtres, sur sa propre expérience, sur un savoir-faire issu de longues heures de son dur labeur.
Il est un autre savoir, une autre forme de connaissance. Cette autre connaissance, à laquelle il est sensible, dépasse tout savoir technique ; elle est une connaissance plus immédiate, plus directe, ouverte à un champ de possible.
En osmose avec la terre qu’il travaille, avec une sensation aiguë du climat et des aléas de la météo, en coordination nécessaire avec les autres tâches à accomplir pour le soin de la ferme, il sait quand et où agir.
Lorsque vient le moment, le paysan n’arrose pas de l’extérieur, n’ajoute rien, mais il ouvre la bonne digue au bon endroit pour que circule l’eau, pour que s’abreuve la terre, pour que naissent et s’épanouissent les plantes au service de la vie.
Ne peut-on rapprocher pratique du fermier et pratique du yoga ?
En chacun de nous, se sont installés des digues, des obstacles, des nœuds qu’il est nécessaire de « percer », d’ouvrir, pour une circulation au service de la vie qui pousse en nous, pour être bien là où nous sommes. »